Billets d’humeur

A l’attention de la rédaction du journal GHI

Voici la réaction de protestation d’un de nos lecteurs genevois, père indigné par la chronique ci-dessous, publié dans le GHI du 30 novembre 2022.

« Je souhaite réagir aux articles publiés dans le GHI du 30-11-22 (p.5 Divorce : le père paye et ferme sa gueule” de Marie Prieur), et p.9 “Pères” pour la rubrique “sous la loupe” de Coline de Senarclens ainsi que son autre article “masculinité toxique” du 7-12-22. « 

“Divorce : Le père paye et ferme sa gueule”


Dans de trop nombreux cas hélas, quand on aborde le sujet du divorce ou de la séparation, il y a ses corollaires : violences conjugales, conflits sur la répartition de la garde des enfants et versement d’une pension alimentaire. Sujets très sensibles.
Le cas de Jo est tristement commun. Je ressens une grande empathie pour cet homme et tous ceux qui se trouvent dans une situation analogue. Le système actuel aggrave le conflit entre parents au lieu de l’apaiser relève Felipe Fernandez, secrétaire de Pères pour toujours. Si le “modèle de Cochem” a fait son chemin en Allemagne et timidement en Suisse, et qu’il porte ses fruits alors pourquoi ne pas l’appliquer à Genève?


Comment se fait-il qu’une ville au rayonnement international indéniable et remarquable d’un point de vue tant culturel que par son intelligentsia et de sa modernité, en arrive à être aussi barbare dans le traitement des hommes divorcés ou séparé ? Qui, dans les “hautes sphères” politiques ou autres s’obstine avec un tel acharnement à ne pas vouloir entendre la voix des hommes sur ces sujets si sensibles? Comment un homme bafoué de son droit le plus élémentaire de jouir d’une garde équitable et légitime de ses progénitures à qui, de surcroît, on va exiger le versement d’une pension alimentaire parfois indécente voire injustifiée – pourrait être en paix avec lui-même, avec son ex et avec la société? C’est impossible sans une substantielle réforme du cadre judiciaire actuel. Si le projet de loi du Conseil d’Etat sur la médiation aboutit, c’est un pas en avant certes mais sera-ce suffisant? Je n’en suis pas convaincu. La violence du système actuel exerce une telle pression sur l’homme qu’il devient dépressif, violent voire suicidaire. Combien d’hommes se sont-ils suicidés des suites d’un traitement aussi infâme? Ce qui nous amène à parler de la violence faite aux femmes mais également de la violence faite aux hommes.


Pour commencer il faudrait parler de violences conjugales (c.à-d violences sous toutes ses formes (…) entre conjoints) plutôt que de violences faites aux femmes comme si ces dernières restaient d’éternelles “pauvres victimes” et les hommes d’éternels “agresseurs”. Les violences faite aux hommes existent bel et bien et ne sont pas aussi marginales qu’il n’y paraît. Elle sont souvent plus sournoises, subtiles ou occultées. Sur ce point, les statistiques restent maigres et surtout très incomplètes faute aux hommes qui ferment leur gueule et n’osent pas porter plainte par honte ou parce qu’ils aiment leur femme, leur copine et qu’il pensent que ça va s’arranger etc… Ce qui revient à dire que les statistiques officielles actuelles ne reflètent qu’une partie de la réalité focalisée sur la violence faite aux femmes, donc erronées. Peut-être que Coline de Senarclens pourrait mettre ce propos en exergue dans sa rubrique sous la loupe? Merci et au plaisir de vous lire à ce sujet.


Ceci dit, je n’écris pas cet article pour faire l’apologie des hommes ou des femmes contrariés qui deviennent violents, bien au contraire! Par devoir d’impartialité, il faut comprendre les causes profondes et les leviers juridico-socio-culturels qui induisent et poussent la violence de certains hommes notamment à se manifester envers leur conjoint. C’est sur ce point crucial, Madame de Senarclens – que vous n’avez hélas que vaguement effleuré en disant : “On dit que certains modèles poussent certains hommes à avoir certains comportements dommageables pour eux et pour les autres” – qu’il faut développer au lieu de rester dans le flou avec des “on dit que” qui ne font que masquer une réalité judiciaire pourtant bien établie. Article médiocre. Il ne sert à rien Madame Sous la Loupe de souligner qu’un père X « enlève » (récupère… c’est plus digne et ça rime, non?) ses propres enfants, puis qu’un père Y tue son enfant puis se suicide, puis qu’un troisième père Z se jette dans l’abîme avec ses enfants. Le message de ces hommes est extrêmement fort et il n’y en a qu’un : l’injustice intolérable dont ILS sont victimes vis à vis de leurs enfants. Ces hommes martyrisés, dépossédés, poussés dans les affres de la dépression, finissent broyés par un système pro-féministe en furie. Ils ont agi par dépit, par colère, par vengeance et par orgueil soit la pire des combinaisons !


Quand la principale raison et joie de vivre d’un père ne tient qu’à l’amour inconditionnel qu’il porte à ses enfants, Il est fort à parier qu’AUCUN de ces drames ne se seraient produits si ces hommes n’avaient été amputés de leur droit, pourtant inaliénable, à un partage amiable et juste de la garde de leurs progénitures. A cela s’ajoute un fatal coup d’estocade qu’on leur assène côté revenus. Les malheureux se retrouvent affaiblis voire ruinés financièrement, le cul sur la paille et une paire d’yeux pour pleurer…Double peine. Ah qu’elle est belle la Justice genevoise! Alors que tout le monde savait qu’une bête blessée peut devenir très dangereuse…


Si ces hommes sont responsables de leurs actes, le cadre judiciaire qui les a déchiquetés en est le co-responsable. Donc, Madame de Senarclens, c’est pas la peine d’enfoncer le clou avec vos articles tendancieux aux relents de misandrie!
Pour que ces événements abominables s’atténuent drastiquement, il faudra non seulement revoir les questions d’équité dans la répartition de la garde des enfants mais encore que les éventuelles attributions de pension “alimentaire” ne soient plus quasi à sens unique ou basée exclusivement sur les revenus respectifs de Monsieur et Madame. “Au coeur de la problématique : l’argent” analyse Anne Reiser et d’ajouter “On part du principe en Suisse que la famille doit être financièrement autonome. Dans le cadre d’une séparation, on regarde qui gagne le mieux sa vie et on considère qu’il (ndlr. ou qu’elle?) doit être plus sollicité financièrement. Et qu’il n’aura, de facto, pas le temps de s’occuper des enfants.” Dès lors, après séparation, on fait comment si Monsieur gagne et travaille moins que madame, qu’il est en parfaite santé et qu’il demande la garde de ses enfants ainsi qu’une pension alimentaire ce que madame refuse catégoriquement? On place les enfants en crèche alors que monsieur aurait le désir et le temps de mieux s’en occuper que madame? Dans ce cas de figure, en faveur de qui statuerait un tribunal genevois? Bref, il y a un tas d’autres questions qui se bousculent dans ma tête…


De retour sur la question de l’équité dans la répartition de la garde des enfants, il faudra que certaines féministes et/ou femmes séparées avec enfants – qui tirent avantages voire vengeance d’un cadre légal qui leur est trop favorable – mettent de l’eau dans leur vin et trouvent le courage, la bonne foi, l’honnêteté intellectuelle et la loyauté de REVENDIQUER de leur plein gré un rééquilibrage en faveur des hommes voire même d’avoir la sagesse et l’intelligence de renoncer à certains privilèges qui leur sont octroyés par la loi. Là c’est pas gagné… même si de telles femmes existent heureusement. Et enfin, que ces hommes, traumatisés et englués dans les méandres de sables mouvants d’un terrain judiciaire nauséabond, puissent (en attendant) être écoutés, soutenus moralement, psychologiquement, financièrement et politiquement dans cet effort de rééquilibrage. Rien que ça. En effet, il y a encore du chemin à parcourir sur l’évolution du cadre légal comme l’encourage l’avocate Anne Reiser.
Conclusion : “Père paye et ferme ta gueule” ça suffit !! et ça va changer!!


Au sein de notre bonne vieille démocratie directe, qu’attend-t-on pour que le peuple, par voie référendaire, puisse se prononcer sur un réajustement des lois relatives au traitement des séparations parentales? En vertu du principe d’égalité homme/femme, les hommes doivent être protégés aussi bien que les femmes. Les hommes n’ont pas à assumer le pathétique rôle de vache à lait avec un droit de visite millimétré et au compte goutte. Un point c’est tout. Qui pourrait souhaiter que d’autres drames se reproduisent comme ceux évoqués?


Faut-il rappeler que les hommes ne sont pas fait de marbre, qu’ils ont un coeur, des sentiments, des émotions, une sensibilité, des fragilités, des intuitions, mais aussi une immense puissance créative, positive, une folle capacité d’aimer et d’améliorer les conditions de vie humaines?


“On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et exiger le sourire du crémier”